Blog Digital Village

Vendredi matin dernier, j’ai pu assister à un webinar concernant la dualité de Flash et du HTML5 quant à leur avenir dans la production de modules e-learning. L’annonce de ce webinar m’avait interpelé et données quelques sueurs froides, d’où l’intérêt d’y assister en live à tout prix, histoire de dénicher de solides infos autour du player Flash que je ne connaitrais pas et quelles transitions prévoir, même si cette seconde partie m’intéressait moins puisque déjà expert dans ce domaine.

Le webinar était décomposé en deux grosses parties qui présentaient (I) ce qu’étaient les technologies Flash et HTML5 1, suivit d’une présentation (II) des pistes possibles quant à la transition de Flash vers le HTML5, avec une très bonne partie sur les points forts et les points faibles de chacune des technologies lorsqu’elles étaient utilisées dans la production de supports de formation.

Franchement? J’ai déploré le manque de connaissance sur le format Flash d’aujourd’hui dans la première partie.
Les infos utilisées sont vieilles de 10 ans, aucune recherche ne semblait avoir été faite sur ce qu’était devenu le format Flash ces dernières années. Je reviendrais sur ce point pour rectifier certaines erreurs qui semblent communes chez bon nombre de gens. Mais dans l’ensemble, le sujet présentait Flash comme le mal, pour bien amorcer leur seconde partie.

Bien que cette seconde partie sur la transition était forte intéressante et couvrait bien les différents points à aborder, il s’en était dégagé une sensation mitigée. De par leur position dominante dans le panorama des acteurs de la formation proposant des solutions clés en main, quitte à donner des infos inexactes sur Flash pour précipiter la mort de cette techno déjà mise à mal par sa réputation alors qu’il lui reste encore de nombreuses années, ces mêmes protagonistes vont il surfer sur la vague de la peur qu’inspire l’obsolescence dans notre société ? Vont il surfer sur cette vague volontairement pour forcer prestataires et commanditaires pour migrer précipitamment au détriment des réels besoins de ces derniers dans le but de faire de la marge ? Franchement ?

D’autant plus que la réalité est tout autre de ce que présentent les auteurs de ce webinar. J’y reviendrais dans les derniers points d’éclaircissement, mais pour l’instant, revenons sur Flash.

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Solution Propriétaire ?

Le player Flash est certes réputé être propriétaire, mais depuis qu’Adobe a ouvert son format SWF il y a presque 10 ans (le format SWF existe lui depuis 1996, soit depuis plus de 20 ans), des lecteurs/plugins libres ont vu le jour et proposent des alternatives intéressantes.

Egalement, Adobe annonce cesser développer son SDK Flex en novembre 2011, et le lègue à la fondation Apache ce qui aboutira à Apache Flex. Ce projet propose une utilisation du format SWF, sous réserve de coder l’AS3 selon Flex, dans les navigateurs de façon plus propre grâce à FlexJS sans passer par le player Flash.
http://flex.apache.org/

Une vraie communauté s’est d’ailleurs formée autour du SDK de Flex depuis.

Tout cela a permis l’émergence de projets tel que l’éditeur FlashDevelopp et plus tard SublimeText permettant de compiler sans passer par Flash Professionnel. Personnellement, je suis resté sur Sepy sous Windows pendant de nombreuses années et lorsque j’ai migré vers OS X, je me suis converti à SublimText.

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Failles de sécurité ?

Ensuite, le player Flash est très régulièrement mise à jour.

Et à la vue des fréquentes mises à jour du player, il ne faut pas croire que c’est à chaque fois dû à une nouvelle faille de sécurité. Adobe met son player à jour aussi pour prendre en compte les ajouts de nouvelles classes AS3 et nouvelles fonctionnalités issus des dernières versions de Flash Animate CC.

Du reste, HTML5 n’est pas en reste sur les failles de sécurités. Si vous codez mal votre application, il est très facile de faire joujou à votre détriment.
 Pour citer d’autres technos, Java par exemple présente plus de risques puisque beaucoup plus sujet aux failles de sécurité que Flash.

Alors pourquoi la blogosphère s’enflamme dès qu’une faille est annoncée dans Flash, mais pas pour Java, et encore moins pour JavaScript ? Franchement ?

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Disparition du player ?

Autre question fondamentale : pourquoi faire disparaitre le player Flash des navigateurs, alors que le format SWF ne compte pas disparaître de ces mêmes navigateurs avant un bon bout de temps ?

Vous jouez à Candy Crush ou Angry Bird sur Facebook dans votre navigateur préféré ?

Il existe un réel business derrière l’utilisation du format Flash dont vous ignorez peut-être totalement l’existence. Sachez que 24 du top 25 des jeux présents sur Facebook sont développés en Flash. Et ça rapporte !

Saviez-vous que Candy Crush est entré en bourse le 25 mars 2014 ?
Aujourd’hui, Candy Crush compte plus de 350 millions de joueurs par mois, dont 8,3 millions qui déboursent régulièrement de l’argent. 1,33 milliards de dollars en 2014.

Activision a même annoncé en novembre dernier vouloir racheter le jeu pour 5,4 milliards de dollars.

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Flash pas présent sur les mobiles ?

Oui et non. Adobe a rectifié le tir depuis plus de 10 ans maintenant depuis l’annonce entre autre de Steve Jobs et son refus de voir Flash sur iOs à l’époque.

Flash Animate CC compile maintenant directement les applications pour les terminaux, obligatoirement converti en code natif pour iOs (Apple refuse toujours l’exécution d’un code tiers) et en code machine pour Android.

Les développements de Candy Crush et de Angry Bird ? Ces jeux développés qu’une seule fois peuvent être compilé en autant de portages nécessaires. Alors certes, ce n’est pas le format Flash SWF que vous retrouvez dans votre smartphone, mais ça reste la technologie Flash.

 

Disparition de Flash ?

L’annonce de la disparition de Flash est pour moi une interprétation raccourcit de l’annonce qu’à faite Adobe en souhaitant juste renommer son logiciel phare Flash Professionnel CC par Animate CC, juste pour correspondre à la plus grande utilisation qui en est faite aujourd’hui : le logiciel est utilisé dans plus de 90 % des productions des studios d’animations fournissant le petit écran.

Le format SWF va sans aucun doute être mis moins en avant, mais tout le potentiel lié à l’AS3 et les projets professionnels associés restent trop importants pour le supprimer comme ça.

Dans la même foulé, il est à noté qu’Edge Animate ayant cessé d’existé 4 mois avant le lancement d’Animate CCFlash et la série Edge semblent avoir fusionné pour donner Animate CC. Mais les animations qu’Edge pouvait générer en HTML5 n’égaleront jamais les possibilités de Flash.

 

La réforme des DSI ?

Ensuite, comme dit plus haut, ce qui se passe réellement, au sein des DSI (de PME/TPE ou d’un organisme de formations), ne correspond pas à ce que veulent faire entendre les auteurs du webinar. Pour eux, il est fort possible que le player Flash puisse être retiré des parcs informatiques.

Pourtant, nombre de DSI de grandes entreprises mettent du temps pour mettre en application une décision. J’en connais quelques unes où juste déployer un module e-learning peut prendre jusqu’à 3 mois. Alors s’occuper d’un parc informatique de plusieurs dizaines, centaines, milliers d’ordinateurs… 
Franchement ?

Il est impensable qu’une DSI puisse supprimer du jour au lendemain d’une façon ou d’une autre l’accès à plusieurs modules e-learning en Flash. (sans compter qu’elles n’en ont pas la responsabilité décisionnelle).

Dernier point, quand on parle de dizaines, de centaines, voir de milliers de modules, il est impossible de transformer tous ces modules en peu de temps. Même en quelques années. Produire déjà les modules prévus dans le pipe pour l’année en cours est déjà un sacré boulot en soi alors penser à la transition en parallèle de vieux modules, c’est mission impossible. Et après avoir entendu certains retours sur le déploiement de modules en HTML5, il s’avère que ce n’est pas fonctionnel systématiquement. Le HTML5 ne semble pas encore mûr pour beaucoup de DSI qui préfèrent rester avec les technologies qu’elles connaissent déjà.

Quelques chiffres (de 2013, je n’arrive pas à trouver de chiffres plus récents) indiquent que 4% des utilisateurs rencontrent des problèmes avec Flash contre 25 % avec le HTML5. C’est énorme comme gap, tant bien même que l’écart puisse se resserrer en 3 ans.

 

Conclusion

Pour finir, je rajouterais qu’Adobe est parfaitement conscient de ces contraintes et engagements, en parallèle des possibilités encore offertes par Flash. Entre une technologie par laquelle tout le monde jure parce que c’est tendance mais qui n’a seulement que quelques années et une technologie qui reste fiable quand utilisée dans les bons projets, je pense que Flash a de bon jours devant lui.

Vous pouvez encore dormir sur vos 2 oreilles encore quelques temps. Adobe ne retirera pas Flash de si tôt du panorama digital.

  1. Lorsqu’on parle de HTML5, on parle communément de 3 technologies qui s’utilisent ensemble : le langage de markup HTML5, les mises en styles gérées par CSS3 et le langage de scripts JavaScript.

 

 

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